Il était une fois


En 1984 Lilian Brower Gomes suit l’enseignement du Yiddish à l’Université d’été de Columbia à New York, qui lui révèle une autre partie d’elle-même, profondément enfouie, tout en étant nourricière.

À la mort de ses grands-parents, elle prend conscience que cette culture yiddish, dont elle se croyait porteuse lui échappe, car elle l’a vécue passivement, en « consommatrice ». La pratique de la langue, de la cuisine, la lecture des journaux, de poésies, de romans en yiddish, l’écoute d’émissions de radio... toutes ces activités qui lui laissent des empreintes sont vécues, de fait, par procuration et reposent sur le savoir et le savoir-faire de l’ancienne génération. Ce qu’elle apprend à l’Université d’été trouve donc, en elle, un écho dont elle ne perçoit pas tout de suite tous les paramètres et la portée.

Derrière la langue se cache une culture : une vie collective est possible dans cette langue. Lilian Brower Gomes prend un réel plaisir à partager avec d’autres personnes tout un pan de cette vie collective autour de la culture yiddish. Elle réalise que d’autres personnes sont autant qu’elle désireuses de retrouver cette partie d’elles-mêmes, occultée et oubliée.

Les participants sont ravis de découvrir la langue à travers des chansons, des pièces de théâtre, d’apprendre les danses yiddish, de rencontrer d’autres vécus, d’autres sensations et surtout de retrouver ensemble, en « acteurs », une culture qui leur révéle ainsi un autre monde, une autre place dans le monde. Plus encore : qu’elle y a sa place à part entière.

Une dizaine d’années plus tard, de nouveau à New York, Lilian Brower Gomes participe à un « Klezcamp » dont le concept l’enthousiasme. On y trouve des ateliers pour enfants, adolescents et adultes qui s’initient à la culture yiddish : calligraphie, paper-cutting, langue, danse, chant, musique klezmer... Le soir venu, les 300 participants, après un repas pris en commun, partagent musiques, danses et chants appris dans la journée.

Si cela attire tant de monde aux USA pourquoi ne pas prendre une pareille initiative en France ?